editions / JULIETTE nue
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Editions Sarnalhèrs
12 collages post photography
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sound piece

This publication is part of a larger project
winner of the EUR CREATES grant

price 15 €

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c  C. Bouissou

Extract 1 Juliette – au salon

Le salon, c’était une longue pièce et au fond derrière les rideaux de l’arrière-boutique il y avait un petit lavabo pour se laver les mains et les W.-C. Il y avait l’eau courante, l’électricité, le gaz, tout ce que tu veux ! On était avant-garde au salon, on avait les premiers fauteuils tournants et basculants, mon père les avait fait venir exprès de Barcelone. On faisait tous les styles mais toujours de grandes coiffures travaillées avec plein de bigoudis : la mise en plis tous les 15 jours, la permanente tous les 3 ou 4 mois, j’en faisais un paquet ! On avait de gros appareils, on mettait des pinces qui chauffaient, c’était une usine ! On faisait aussi les crans, une chose importante pour la coiffeuse : il fallait que le cran de devant tourne et rejoigne l’autre côté sans décalage. Quand on apprend le métier ce n’est pas facile à faire, mais ça plaisait beaucoup.
Je coiffais les hommes au début mais je n’aimais pas ça du tout alors je les ai largués pour ne coiffer que les femmes d’ailleurs ça ne rapportait pas du tout et ils étaient mal élevés. Le lundi matin j’avais quand même quelques clients hommes pour leur faire la permanente en cachette. On faisait beaucoup de coiffures différentes il y avait encore des chignons mais c’était rare, à mon époque c’était la moumoute. J’avais une petite vieille qui me préparait les faux cheveux et après je les teignais de la couleur des cheveux de mes clientes qui étaient obligées de revenir parce qu’elles ne savaient pas se coiffer ; je gagnais un argent fou avec ça ! J’avais une cliente dont le mari était jaloux et quand ils se battaient il lui arrachait les cheveux, il jetait les moumoutes par la fenêtre et le lendemain il fallait qu’elle revienne pour que je lui refasse tout.

                      

JULIETTE nue, or 100 years in the life of a resolutely contemporary woman: Juliette. Juliette is a hairdresser in Aix-en-Provence before meeting François and moving to Belgium. After 1,000 adventures, the young couple settle in Cagnes-sur-Mer: a must-read! Feminist, joyful and free, Juliette is timeless.

JULIETTE nue is a project led by artist Caroline Bouissou and Sandrine Montin, MCF at the Labo CTELA at the Université Côte d'Azur. It is a 3-stage project, involving the publication of the story written by Caroline Bouissou, its rewriting for the stage with doctoral students, and a performance accompanied by the publication of the creative process.